Notre vision

Dans un contexte d’extinction massive de la biodiversité - la plus importante depuis la disparition des dinosaures - et de réchauffement climatique, une remise en question du rapport au vivant devient cruciale pour un nombre croissant de citoyen⋅ne⋅s.

L’enjeu est double : convoquer l’ensemble des forces en présence dans notre société pour repenser une organisation humaine compatible avec le respect des écosystèmes présents dans le bassin versant du fleuve et protéger les droits de tous les êtres, humains et non humains, face aux conséquences du dérèglement climatique et l’extinction de la biodiversité.


Nous sommes le fleuve, le fleuve c’est nous.


Il y a urgence à défendre les droits du fleuve et à rétablir un équilibre permettant une harmonie de l’être humain avec le vivant. En cela, le mouvement pour les droits de la Seine s’inscrit dans une démarche plus large de défense pour les droits de la nature.

Une vision bioperspectiviste dans notre rapport au fleuve

Par opposition à la vision anthropocentrée du vivant (qui ne donne une valeur à l’environnement qu’en fonction de son utilité pour l’être humain), l’approche biocentrée vise à protéger la valeur intrinsèque de la nature.

Cette approche considère que la nature est composée d’une multitude d’êtres vivants interdépendants, fonctionnant au rythme de cycles vitaux qui sont indispensables à leur régénération. Sur ce fondement, la jurisprudence de la Terre affirme que l’être humain est un sujet parmi les autres entités naturelles, et que ces entités forment, ensemble, la communauté vivante. 

En ces termes, et, transposant ce constat sur le plan juridique, l’école des droits de la nature énonce le postulat selon lequel, pour que la protection de la nature soit réelle et effective, des mesures de sauvegarde ou de réparation doivent pouvoir être réclamées dans l’intérêt de des éléments naturels et dans leurs intérêts exclusifs (droit à la vie et à l’existence, droit à la régénération et à la continuité des cycles, droit à ne pas être pollué…). 

Dans un récent rapport, l’autorité environnementale européenne (AEE) reconnaît que ”l'inscription des droits inviolables de la nature dans la loi pourrait être une stratégie prometteuse pour permettre la protection et la conservation de la nature”.

La nécessité d’un changement de paradigme

En France, des mouvements pour la reconnaissance des droits des fleuves fleurissent ces dernières années : l’Appel du Rhône, le parlement de la Loire, l’Assemblée des jours heureux de Garonne… La première (r)évolution est souvent culturelle ; elle nous amène à repenser notre relation aux fleuves au travers de l’art, de l’histoire et de l’évolution sociologique de nos liens à eux.

L’histoire de notre lien au fleuve Seine est historiquement riche, vaste, et a profondément évolué. Dans l’Antiquité,  la déesse Sequana était une figure de culte considérée comme une divinité pouvant accomplir des miracles. Pourtant, désormais, notre société se comporte vis-à-vis du fleuve comme s’il s'agissait d’une ressource exploitable à l’infini. Cependant, la science nous enjoint à prendre en compte les besoins de ce milieu de vie.

Différents facteurs menacent aujourd’hui le fleuve et les différentes pressions liées aux activités humaines remettent en cause l’atteinte et le maintien d’un bon état écologique des eaux et la survie de l’écosystème lié au fleuve. Parmi les différentes pressions qui menacent les équilibres du fleuve, figurent : 

  • Rejets toxiques d’eaux usées : notamment par l’industrie, l’agriculture, les systèmes de gestion quotidienne des eaux usées

  • Prélèvements d’eau abusif : pour l’agriculture, l’industrie et la production d’énergie

  • Pollution plastique : traversant beaucoup de grandes villes, la Seine subit les rejets plastique sous la forme de micro-plastique ou plastique à usage unique

  • Changement climatique : baisse du débit, hausse de la température moyenne et multiplication des événements naturels extrême impact le cycle de l’eau

  • Urbanisation et aménagement : influence sur le ruissellement des eaux de pluie, la qualité de l'eau et la biodiversité

Dans son rapport annuel 2023, la Cour des comptes a déclaré : “L'efficacité de la politique de l'eau souffre de la complexité et du manque de lisibilité de son organisation". Nous sommes convaincus qu’il est nécessaire de remettre en question cette politique et qu’un autre avenir est possible.

Les concepts qui découlent des droits de la nature permettent de :

  • rappeler le contexte de crise bioclimatique et l’urgence à agir pour l’atténuer et s’y adapter ;

  • reconnaître l'impératif d’adopter une approche écocentrée du droit de l’environnement pour faire face à cette crise ;

  • définir les différents droits que les parties reconnaissent à la Seine ;

  • affirmer que le respect de ces droits guidera toutes les parties prenantes dans leurs activités opérationnelles, leur gouvernance et leurs processus de planification.